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Olivier Bourdeaut : « Je suis le fruit de tous mes échecs, car si j’avais réussi chaque fois que j’avais entrepris quelque chose, je ne serais certainement pas dans l’écriture. »

Le prince des lettres présente son nouveau roman « Pactum salis » dont l’action se déroule sur la presqu’île

Olivier Bourdeaut a signé l’un des plus gros succès de librairie de l’année 2016 avec « En attendant Bojangles », vendu à plus de 500 000 exemplaires, adapté au théâtre et bientôt au cinéma. Le prince des lettres, c’est ainsi qu’on le surnomme, est venu à La Baule pour présenter son dernier roman « Pactum salis » dont l’action se déroule sur la presqu’île. Pour l’anecdote, Olivier Bourdeaut connaît bien La Baule et il avait même envisagé d’être candidat aux élections municipales il y a quelques années… Il répond aux questions de Catherine Gaultier, directrice de la librairie Lajarrige, et de Yannick Urrien.

« Pactum salis » d’Olivier Bourdeaut est publié aux Éditions Finitude.

Catherine Gaultier : Olivier Bourdeaut a connu un immense succès avec « En attendant Bojancles » en janvier 2016, alors que nous venions tout juste d’ouvrir la librairie Lajarrige et c’était le premier livre qui s’était très bien vendu chez nous. On connaît l’histoire d’Olivier : une jeunesse nantaise, une absence de passion pour les études…

Olivier Bourdeaut : Un dégoût pour les études !

C.G : Avec néanmoins une jeunesse dans un environnement plutôt privilégié, socialement et culturellement… Et que fait-on quand on n’aime pas les études et quand on s’ennuie, mais quand on a accès à une immense bibliothèque ?

O.B : On lit énormément ! Il y a deux choses qui sont primordiales pour créer l’imagination, c’est l’ennui que notre société ne connaît plus, puisque l’on a le monde dans notre poche, et la lecture a cet avantage par rapport à la télévision, c’est de faire travailler les méninges. Par conséquent, l’ennui et la lecture sont les deux raisons pour lesquelles je suis avec vous aujourd’hui. Je me suis ennuyé et j’ai beaucoup lu…

Yannick Urrien : Vous appartenez à cette catégorie d’autodidactes, débrouillards et observateurs. Parmi ces gens qui éprouvent du rejet pour les études et qui aiment bien vivre, vous en avez une petite partie, très maligne, qui s’infiltre dans la société par des portes dérobées et ce sont ceux-là que l’on retrouve dans la politique, le cinéma, la littérature ou l’entrepreneuriat…

O.B : Je suis heureux de rentrer dans cette catégorie que vous considérez comme étant quasi inexistante. Ce n’est pas à moi de me lancer des fleurs, mais j’accepte celles que vous me lancez…

Y.U : Ce livre est un peu le miroir d’Olivier Bourdeaut dans la description de ce Parisien fêtard…

O.B : Les deux personnages que je décris sont deux versions abouties de ce que j’aurais voulu être à une période et de ce que j’ai échoué à devenir. Michel a fait fortune dans l’immobilier, alors que j’ai échoué dans l’immobilier. Je crois que j’ai dû vendre trois biens en dix ans, ce qui est largement insuffisant pour faire plaisir à ses patrons… J’ai été souvent renvoyé, alors que, quand j’ai commencé dans l’immobilier, j’étais persuadé que j’allais faire fortune ! J’ai commencé dans le grand appartement de mes parents, il faisait 200 mètres carrés et, au bout de dix ans dans l’immobilier, j’ai fini dans une chambre de bonne de 12 mètres carrés… Autant dire que ce n’est pas le symbole d’une réussite flamboyante dans le secteur !

Y.U : Alors, on peut remercier tous ceux qui n’ont pas confié leurs biens à Olivier Bourdeaut il y a une quinzaine d’années, puisqu’ils ont ainsi indirectement rendu un grand service à la littérature française…

O.B : Je suis le fruit de tous mes échecs, car, si j’avais réussi chaque fois que j’avais entrepris quelque chose, je ne serais certainement pas dans l’écriture. Michel Houellebecq disait que l’on est le fruit de ses frustrations et je suis finalement heureux d’avoir autant échoué…

Y.U : D’ailleurs, dans votre dernier livre, on retrouve un côté insolent et non-conformiste, voire provoc, qui rappelle un peu Houellebecq ou Dantec… Par exemple, « La France était la fille aînée de l’Eglise, elle devient la fille aînée des ronds-points… »

O.B : Cela faisait longtemps que je n’étais pas revenu en automobile sur la presqu’île  et je constate qu’il y a beaucoup plus de ronds-points qu’auparavant… C’est une malédiction de notre pays ! C’est le fruit de ma lecture intensive de la presse puisque le hasard a fait que je suis tombé en deux jours sur un article disant que l’on détruisait des églises – je le savais, mais pas dans ces proportions : comme on les détruit, par conséquent, on ne construit plus beaucoup d’églises en France  -et le lendemain, je tombe sur un article disant que notre pays était le champion du monde des ronds-points. Donc, je me suis dit que si l’on continuait à détruire des églises et que l’on continuait à construire des ronds-points, il y aurait bientôt plus de ronds-points dans notre pays que d’églises. Je crois savoir qu’il y a très peu de touristes qui se déplacent en France pour visiter les ronds-points… Je trouve cela absolument désolant et puis, il y a un symbole derrière tout cela, car le rond-point c’est tourner en rond et hésiter…

Y.U : Un certain moment, Michel voit une femme d’une cinquantaine d’années, il apprend qu’elle est veuve depuis trois ans et la seule chose à laquelle il pense, c’est qu’elle n’a pas dû faire l’amour depuis trois ans…

O.B : C’est la première fois que l’on me parle de ce passage… Je n’ai pas de réponse toute faite, que voulez-vous que je vous dise ? Cela m’embarrasse un peu, parce qu’il est assez pratique d’être derrière son ordinateur quand on écrit des âneries. Je me suis quand même assez contrôlé dans ce roman, mais je suis souvent confronté aux âneries que j’ai racontées et, parfois, je n’ai pas de réponse…

C.G : Il y a une vraie espièglerie, un sens du burlesque, parfois même grotesque, il y a un côté Bouvard et Pécuchet entre ces deux garçons… Ce roman se déroule sur la presqu’île. Que représente-t-elle pour vous ?

O.B : Je vais au Croisic depuis mon enfance et j’ai beaucoup vécu à La Baule. J’ai squatté chez des amis pendant des années, j’ai squatté chez mon frère au Pouliguen pendant deux ans, pour écrire mon premier roman, dans lequel je m’étais particulièrement défoulé : c’est sans doute la raison pour laquelle personne n’en a voulu, car il était très sombre, très cynique et très violent. Mais la presqu’île est l’un des rares endroits au monde où je me sens chez moi. Je me sens plus chez moi entre Le Croisic et La Baule qu’à Nantes où j’ai évolué pendant trente ans. C’est un endroit absolument magique ! Je déplore évidemment, comme beaucoup de gens, que toutes les belles villas du remblai aient été saccagées pour être transformées en immeubles, je déplore également que les derniers permis de construire – j’ai pu constater cela en venant à pied – ne redressaient pas du tout la barre, c’est consternant… Je ne sais pas qui s’occupe de l’urbanisme à La Baule, je pensais que l’on avait atteint un niveau déjà élevé de laideur et j’ai vu des nouvelles maisons qui étaient encore plus moches que ce qui était fait auparavant. Je suis très triste. Je suis conservateur dans beaucoup de domaines et je suis très conservateur en ce qui concerne l’architecture. Je suis logé au Château des Tourelles où j’ai pu voir une belle photo de La Baule dans les années 20 et nous sommes passés du sublime au consternant.

Y.U : Puisque vous jouez le rôle du maire adjoint à l’urbanisme, j’ai envie de vous demander si, un jour, vous allez vous présenter à la mairie de La Baule, puisque vous aviez voulu être candidat il y a une dizaine d’années…

O.B : On reconnaît les imbéciles aux ambitions qu’ils se fixent… Plus je cumulais les échecs et plus mon niveau était bas, plus mes ambitions étaient grandes, c’est donc la définition de la bêtise dans beaucoup de domaines. C’est vrai qu’à un moment, j’ai eu plein d’idées sur l’avenir de cette ville et j’ai eu envie de devenir maire. C’était quand même assez sympathique de dire que j’avais envie de devenir maire de La Baule aux gens que je croisais. C’était un projet hurluberlu que je vous avais fait partager, Yannick, et vous étiez resté très poli, en souriant : « Oui, c’est bien… »

Y.U : Il faut toujours viser les sommets les plus hauts, parce que c’est là aussi qu’il y a le moins de prétendants…

O.B : C’est vrai, mais à l’époque c’était assez encombré. J’avais rencontré Yves Métaireau qui m’avait dit que j’étais bien gentil, mais qu’il n’avait absolument pas besoin de mes talents…

C.G : La vie est faite de surprises et de rencontres parfois improbables… Cependant, pour revenir à votre dernier roman, pouvez-vous nous dire ce que signifie « Pactum salis » ?

O.B : C’est une locution latine qui signifie que l’amitié est éternelle et inaltérable, comme le sel. En l’occurrence, le roman contredit le titre. Néanmoins, comme la pratique du travail dans les marais salants remonte aux Romains, j’ai trouvé que c’était un clin d’œil assez sympathique adressé à ces chers Romains.

Y.U : En lisant le livre, on se dit que ce serait un super scénario de film. J’ai imaginé Gérard Lanvin dans le rôle du paludier et vous dans celui de Michel…

O.B : Pourquoi pas ? Si vous le connaissez, faites-lui passer le message ! Mais ce personnage de Michel est très détesté par les gens et je vous remercie de m’attribuer un rôle détestable….

Y.U : Certes, mais il a un côté dandy, germanopratin, presque égaré sur la presqu’île. Une sorte de Beigbeder des temps modernes… Ce gars un peu méprisant commence par uriner sur le tas de sel du paludier… il est complètement ivre, il éprouve une sorte de mépris à son égard, mais au fil du roman on découvre qu’il a un cœur formidable, il se lie d’amitié, il a envie de pousser la brouette avec lui et c’est ce contraste entre ces deux personnalités qui le rend sympathique…

O.B : J’ai de la tendresse pour lui, j’espère que cela se sent, mais ce n’est pas celui qui remporte les suffrages des cœurs et des têtes auprès des lecteurs que je rencontre. Je suis d’accord avec ce que vous dites : il est odieux au début, dans les premières descriptions, mais il y a un facteur très important car, pour rendre les gens odieux sympathiques, il y a le ridicule. Il est souvent ridicule, il devient forcément un peu plus sympathique et c’est lui qui entreprend toutes les démarches pour aller vers le paludier, s’excuser, essayer de comprendre son monde, alors que le paludier ne lui pose aucune question sur son monde. Vous avez raison, le personnage de Michel est odieux au début, mais il est beaucoup plus ouvert tout au long du roman.

Y.U : Derrière ce caractère de personnage odieux, n’y a-t-il pas une énorme timidité et un besoin d’amour, ? Car dès que l’on découpe un peu la carapace, il y a toujours du bon…

O.B : C’est vrai, j’ai aussi été extrêmement timide durant toute ma jeunesse.

C.G : Je trouve aussi ce Michel extrêmement attendrissant, tout en le trouvant odieux, grâce à cette démarche de changement de prénom…

O.B : C’est quelque chose dont on me parle beaucoup, cette histoire de changement de prénom. J’ai lu récemment un ouvrage sur les cocottes, les demi-mondaines et les courtisanes. Toutes ces femmes venaient de milieux extrêmement modestes et elles ont toutes aristocratisé leur nom, comme Émilienne d’Alençon ou Liane de Pougy. C’était un procédé assez courant à l’époque pour se hisser au niveau des ministres qu’elles voulaient glisser dans leur lit… Elles avaient cette démarche qui consistait à lire énormément et à prendre des cours de maintien afin d’avoir suffisamment de conversation pour fréquenter des ministres. C’est quelque chose que fait Michel qui lit les 100 livres nécessaires pour avoir la conversation lui permettant de fréquenter des notaires et des avocats. En ce qui concerne le prénom, une de ces courtisanes lui dit que l’on ne peut pas garder le même nom pour plumer les pigeons et pour garder les oies. Alors, Michel change de prénom, car il constate, en regardant les ministres de la Ve République, qu’aucun ne s’est jamais appelé Michael, alors il lisse son prénom en passant de Michael à Michel. C’est un débat qui revient souvent dans notre société, la question du CV anonyme par exemple, ce n’est pas seulement l’adresse qui peut pénaliser, mais aussi le nom de famille, et il faut gommer tout cela pour accéder à un travail. C’est un débat que l’on a depuis une quinzaine d’années en France.

Y.U : Des études récentes indiquent que le CV anonyme a finalement un côté pénalisant parce qu’en réalité le recruteur « prouve de l’empathie pour quelqu’un qui a un nom ou une adresse difficile…

O.B : Vous avez parfaitement raison et nous avons lu cette même étude qui n’est pas politiquement correcte, d’ailleurs. En effet, lorsque le jeune vient d’un quartier difficile, le patron excuse certaines fautes et il a une certaine tolérance vis-à-vis des fautes de syntaxe alors qu’il n’a plus cette tolérance quand le prénom ou l’adresse sont significatifs.

Y.U : Le personnage de « Dédé » plaît aussi beaucoup, c’est l’inverse des bobos, c’est le débauché de droite…

O.B : En lisant la presse, j’ai pu constater que la France était divisée en deux catégories, le beauf et le bobo, mais il me semble qu’il y a d’autres petites tribus satellites absolument sympathiques et j’ai inventé le « Dédé » le débauché de droite. C’est une trouvaille que j’ai faite en fumant des cigarettes devant mon écran d’ordinateur. J’ai la chance de côtoyer beaucoup de libraires et j’ai pu constater qu’ils aimaient bien ce « Dédé ». Il y en a beaucoup en France…

C.G : Pouvez-vous nous parler de Jean, qui est l’autre protagoniste du livre ?

O.B : C’est simple, Michel cherche à rentrer dans le monde à tout prix, alors que Jean cherche à sortir du monde à tout prix. Je disais que ces personnages incarnent finalement une version aboutie de ce que j’aurais voulu être à une certaine période. J’ai travaillé pendant quatre mois dans les marais salants et cet univers en retrait, basé uniquement sur les saisons et le climat, m’a beaucoup plu et il m’a même séduit. J’ai souvent vécu cette notion de se retirer du monde et, après la promotion de ce livre, je ne rêve que d’une chose, c’est de disparaître… Donc, il y en a un qui cherche à rentrer dans le monde, tandis que l’autre cherche à en sortir. Jean est né à Paris, ses parents sont des intellectuels, le père est universitaire, il élabore des théories, et sa mère est professeur. On ne peut pas dire que les choses se passent mal avec ses parents, mais cela ne se passe pas. Il y a des familles dans lesquelles cela ne se passe pas… Il n’y a pas d’atomes crochus, il y a une sorte d’indifférence qui s’installe, c’est le cas dans ce foyer avec des parents trop occupés à frotter leurs neurones. Finalement, il se sent en trop, il ne se trouve aucune vocation, il accepte l’éloignement que ses parents lui proposent, dans un immeuble haussmannien à Pigalle, il rencontre Henri, le fameux débauché de droite, avec lequel il s’entend à merveille. Néanmoins, comme c’est le cas pour beaucoup de « Dédé », leur comportement et leur fréquentation peuvent être épuisants, cela se finit assez mal et à ce moment-là, il décide de venir s’installer sur la presqu’île, de racheter des marais et de les réhabiliter. Il est inspiré en regardant un documentaire de France 3 lors d’une insomnie. Il se dit que c’est magnifique, ce n’est pas un retour aux sources, mais un aller aux sources, puisque c’est un endroit qu’il n’a jamais fréquenté. Je constate, en lisant la presse, que beaucoup de gens qui n’ont jamais vécu à la campagne fuient les grandes villes, notamment Paris, pour s’installer dans des endroits qu’ils ne connaissent pas, mais dans lesquels ils ont envie de se créer des racines, car, contrairement à ce que dit Jacques Attali, les gens qui cherchent des racines ne sont pas forcément des radis… C’est une phrase qui démontre la hauteur de la bêtise de l’individu.

Y.U : Jacques Attali nous explique que le monde de demain sera nomade, avec des gens sans racines qui iront de pays en pays comme de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel…

O.B : Je vis de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel et j’en ai plus qu’assez, même si les hôtels sont magnifiques. Parfois, on aime bien être chez soi. Je suis désolé, je suis le bon élève de Jacques Attali sans le vouloir, puisque je vais de La Baule à Pékin. Mais comme on est dans une société de plus en plus dématérialisée, les gens ont besoin de concret et de racines. Houellebecq dit souvent qu’à partir d’un certain âge, on a besoin de voir du vert.

C.G : Ces deux personnages, aussi dissemblables, ont quand même quelques points communs. Tous les deux sont finalement plutôt heureux de leur sort, ils ont en commun le fait d’avoir voulu s’échapper de leur milieu d’origine, pas nécessairement pour les mêmes raisons, mais ils font face à une grande solitude. N’est-ce pas cette solitude qu’ils essaient de rompre en s’approchant l’un de l’autre, même si tous les éléments ne sont pas nécessairement favorables ?

O.B : Vous avez parfaitement résumé le roman. Au moment où ils se rencontrent, l’un et l’autre considèrent qu’ils ont réussi leur vie. Michel est riche et il quitte la région nantaise pour s’installer à Paris car, comme tous les ambitieux, il procède par objectifs et aboutissements. L’aboutissement ultime et le plus prestigieux, c’est de s’installer à Paris, dans un bel appartement, et il est arrivé à ce stade. D’ailleurs, il veut quitter son statut de marchand de biens, qu’il raccroche à certaines pratiques amorales. Il s’installe dans un palace à La Baule et il n’a plus qu’à se laisser glisser. Jean a passé des années à se chercher une vocation, il s’est enfin trouvé un métier qui lui plaît et qui le comble avec ses marais. Au début, comme Michel pisse sur son tas de sel, Jean est en droit de considérer que ce type a pissé sur sa vie. C’est ce qui génère une relation extrêmement radicale. Mais l’un et l’autre considèrent qu’ils ont réussi leur vie. Michel, dont la solitude était mise au service de son ambition – c’est-à-dire qu’il ne fréquentait que des gens qui étaient en mesure de lui permettre de gravir les échelons et de remplir son portefeuille – se dit qu’il est arrivé, c’est un arriviste arrivé, et il commence à envisager de se tourner vers les autres. Jean fait office de compagnon idéal et c’est pour cette raison qu’il va persévérer pour faire sa connaissance, comprendre comment fonctionne ce métier dont il ignorait l’existence 48 heures auparavant et, en ce qui concerne Jean, cela fait quelques années qu’il est seul et il n’est pas mécontent de voir arriver cet hurluberlu au seuil de son marais. C’est le choc de deux solitudes. Il y a la solitude subie, qui est forcément un drame mais, quand c’est une solitude voulue, je crois qu’elle entretient un certain niveau car, comme disait Montaigne, il faut entretenir l’amitié que chacun se doit. Mais quand on est solitaire, il faut avoir un certain amour pour soi. Deux solitaires ou deux égoïstes qui se rencontrent, cela crée quelques remous parfois.

C.G : Est-ce que vous vous êtes amusé en écrivant ce roman ?

O.B : Généralement, je m’amuse toujours beaucoup en écrivant. C’est quelque chose que j’aime bien faire. On ne peut pas dire que j’écrive dans une douleur absolue, même s’il y a parfois des moments de doute et de pénibilité assez élevés dans l’écriture d’un roman. Globalement, c’est une activité qui me rend heureux. Même s’il est très mal élevé de rire de ses propres blagues, j’ai quand même souri et je ris surtout du fait de les écrire et de savoir qu’elles seront désormais diffusées… J’ai écrit mon premier roman dont personne n’a voulu, ensuite j’ai écrit « En attendant Bojangles » dont personne ne voulait et, à un moment charnière de ma vie, je me suis demandé si je devais continuer à écrire ou s’il fallait que j’essaie d’avoir une vie normale, parce que je n’ai jamais eu de vie normale. Je me suis dit que j’allais m’acharner et j’ai écrit ce roman au moment où les éditions Finitude m’ont téléphoné en me disant qu’elles allaient éditer « En attendant Bojangles ». J’ai dû terminer ce livre l’année dernière entre deux séances de promotion. J’ai dû couper mon temps entre la promotion et l’écriture, c’était agaçant, mais globalement je passe de très bons moments en écrivant des romans.

Y.U : Vous passez quelques jours sur la presqu’île avec votre compagne. Avez-vous eu le temps de l’inviter à dîner à L’Océan, parce que ce livre est aussi une sorte de Guide Michelin de la presqu’île ?

O.B : Je l’ai invitée à dîner au Bistrot de l’Océan, c’est un moment sublime ! J’espère que les descriptions de la presqu’île vous ont plu. Je décris L’Océan lorsque la terrasse était beaucoup plus grande et, moi qui suis un grand fumeur, je déplore la disparition de cette terrasse. Mais ils ont laissé un petit couloir pour les fumeurs… Il y a le Nossy Bé qui est cité aussi…

Y.U : Votre livre donne envie de venir à La Baule. Si vous atteignez les 500 000 exemplaires vendus, c’est une belle promotion pour la presqu’île ! On va demander à Yves Métaireau qu’il vous en nomme ambassadeur…

O.B : À défaut de m’avoir pris sur sa liste, je pourrais au moins avoir un statut d’ambassadeur. Non, je rigole, je ne prends aucun honneur.

 

Écrit par Rédaction

Un commentaire

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  1. J’aimerais voir Michel et Lanvin dans cet Univers des Paludiers. Deux talentueux personnages , rustiques malgré vos vies parisiennes mais sachant où est la vraie vie .lLe vrai bonheur .
    Apprécier le soleil couchant sur les marais , regarder et méditer sur les vieilles villa Bauloises , elles en ont des vies à nous raconter … Peut être le sujet d’un nouveau livre Olivier ?
    En attendant je vais acheter Pactum salis et vais certainement me régaler ..
    Merci Yannick pour cet interview je ne me suis pas ennuyée..

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