in
Publicité

Jacques Mailhot : « La Baule, c’est une Madeleine de Proust pour moi. »

Le célèbre humoriste présente son spectacle « Tout est bon dans le Macron » à La Baule.

On ne présente plus Jacques Mailhot, qui est l’un des humoristes français les plus appréciés du public. Le directeur du Théâtre des 2 Ânes à Paris propose sa dernière création, « Tout est bon dans le Macron », avec Michel Guidoni, Florence Brunold, Gilles Détroit et Emilie-Anne-Charlotte. Une représentation exceptionnelle est programmée à Atlantia à La Baule le samedi 16 février prochain et les Baulois auront la chance de voir ce spectacle revisité puisque, depuis son écriture initiale, il y a notamment eu l’affaire Benalla et, surtout, le mouvement des Gilets jaunes…

« Tout est bon dans le Macron » de Jacques Mailhot, représentation samedi 16 février 2019 à Atlantia à La Baule.

Kernews : Vous aviez lancé « Tout est bon dans le Macron » l’an dernier. Or, à cette époque, il devait être assez difficile de faire rire autour d’Emmanuel Macron car c’était un président plutôt consensuel et, contrairement à Nicolas Sarkozy ou François Hollande, il n’y avait pas un autre bloc politique identifié contre lui. Dans ce contexte, il était plus compliqué de pratiquer la satire et d’ironiser ! Mais, entre temps, il est arrivé ce qui est arrivé… J’imagine que le spectacle n’est plus vraiment le même…

Jacques Mailhot : Le spectacle a beaucoup évolué depuis et la situation politique, davantage… Mais c’est le lot de la politique car les choses vont de plus en plus vite. Si l’on pouvait penser qu’Emmanuel Macron était un personnage plutôt lisse, avec des difficultés pour le harponner comme nous le faisons avec les autres depuis des années, il s’est avéré qu’une succession d’événements ont vraiment fêlé sa carapace !

Vous êtes un excellent analyste politique, contrairement à ceux que l’on voit dans les médias et qui se présentent comme tels, alors qu’ils ne franchissent pas le boulevard périphérique…

C’est ce qui explique en partie la révolte des Gilets jaunes. Les gens qui sont dans les médias sont aussi déconnectés que les politiques dont ils parlent et, à un moment, il y a rupture. J’ai lu dans Le Figaro un article d’un grand historien qui explique qu’à force de faire commenter l’actualité par des gens coupés du monde, qui sont rémunérés entre 10 000 et 20 000 euros par mois, à des gens qui peinent à boucler leurs fins de mois, il y a forcément une rupture. C’est malheureusement ce qui est en train de se passer. On avait reproché à Jacques Chirac le quinquennat et j’ai l’impression qu’il va falloir maintenant élire les présidents pour deux ans parce que, visiblement, au bout d’un an et demi, ils sont déjà plus que consumés…

Pourtant, on sait qu’il faut un temps long pour pouvoir mener des réformes…

C’est ce que disait François Mitterrand : « Il faut donner le temps au temps ». Mais nous sommes aujourd’hui dans la précipitation, on ne supporte plus le temps.

Comment envisagez-vous cette évolution de nos présidents ? On a l’impression que le niveau se dégrade de septennat en quinquennat et de quinquennat en quinquennat…

C’est tout à fait vrai. La classe politique a perdu ses meilleurs éléments. Beaucoup de grands esprits et de têtes bien faites ont déserté la politique pour se consacrer à des carrières internationales dans l’industrie. La classe politique manque cruellement de gens brillants, comme l’était d’ailleurs Aristide lui-même… Et des gens comme Clemenceau, Charles de Gaulle ou Valéry Giscard d’Estaing. Tous ces gens étaient des esprits au-dessus du lot et j’ai l’impression que nous n’en avons plus beaucoup. Le président Macron semble un peu nu face à la politique aujourd’hui.

Les électeurs sont aussi responsables de cette situation…

Les électeurs usent les politiques à la vitesse grand V. En plus, les corps intermédiaires ont plus ou moins été occultés, donc l’usure va très vite. Et l’on a bien vu les difficultés d’Emmanuel Macron lorsqu’il a dû remanier son gouvernement, puisqu’il a très peu de monde sur le banc de touche pour doper son équipe.

Ce spectacle « Tout est bon dans le Macron » est né au Théâtre des Deux Ânes. On aurait pu penser que les jeunes seraient moins intéressés par les revues de chansonniers, surtout avec la concurrence de YouTube ou de Netflix. Toutefois, on observe que vous arrivez toujours à attirer les trentenaires et les quadras, tout comme les retraités d’ailleurs…

On assure une mixité du public depuis des années, parce que je crois que nous faisons des analyses différentes de celles que l’on peut entendre à longueur de journée à la télévision ou à la radio. Cela change des analyses un peu panurgesques… On garde du recul, une fraîcheur d’âme, et c’est ce que les gens viennent chercher. Ils viennent vraiment rire de la politique. La plupart des gens qui veulent faire notre métier, aujourd’hui, ne le font pas avec cette bonne humeur qui est la nôtre, mais souvent avec beaucoup de rigidité, d’agressivité et, parfois même, de méchanceté, ce qui n’est pas notre cas. Jean Amadou disait toujours que nous n’étions pas des pamphlétaires qui ont mauvais caractère et qui ne sont souvent pas très rigolos… Je crois qu’il avait bien résumé la chose. Nous essayons d’abord de faire rire avec des choses qui, malheureusement, seraient plutôt à même de nous faire pleurer.

On est souvent déçu car la nouvelle génération d’humoristes est politiquement très engagée et, comme elle fait de la politique, elle tombe souvent dans la caricature insultante et méprisante à l’égard d’une autre partie de la population…

C’est tout à fait cela, ils se sont trompés de métier… Ils sont entrés en religion, en politique, ils font du militantisme, mais ils ne font pas notre métier, qui implique d’avoir le recul nécessaire par rapport à tout cela. On ne peut pas faire ce métier en étant militant ! Il faut absolument garder son libre arbitre, son sourire au coin de l’œil et, surtout, son indépendance d’esprit. Malheureusement, l’indépendance d’esprit fait grand défaut aujourd’hui. On a beaucoup de suiveurs et de bien-pensants, de gauche comme de droite, mais qui ne font pas l’effort de regarder autrement et c’est bien dommage.

Pour vos spectacles à l’époque de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, vous efforciez-vous de respecter les équilibres à l’égard de ceux qui riraient et de ceux qui seraient gênés ?

On essaie toujours d’équilibrer, par honnêteté intellectuelle vis-à-vis de nos cibles, parce que l’on ne peut pas que taper sur la droite ou sur la gauche. Il faut taper sur les deux, mais aussi sur les partis résiduels du paysage politique, c’est-à-dire les centristes et les extrémistes. Finalement, le public s’y retrouve, parce que l’on voit bien que la démarche des politiques est souvent la même. On arrive à équilibrer entre toutes les tendances et c’est pour cette raison que le public nous est fidèle depuis des années.

Donc, maintenant, il faut taper un peu sur Macron et aussi sur les Gilets jaunes…

Alors, sur les Gilets jaunes, il y a de quoi ! Ces gens sont extrêmement sympathiques dans leur démarche et dans leur élan de colère – nous avons tous des colères dans la vie – mais la réflexion est pour l’instant un peu pauvrette. C’est un inventaire à la Prévert avec des revendications multiples et qui, souvent, s’entrechoquent. Elles sont même contradictoires… J’ai relevé quelques affirmations de Gilets jaunes, comme une jeune femme qui disait sur un barrage : « Ce que nous réclamons, c’est le départ d’Emmanuel Macron et, qu’ensuite, il donne satisfaction à nos revendications ! »

Dans le même registre, il y a aussi : « On veut plus de services publics, moins de taxes et d’impôts, y a qu’à faire payer les riches… »

Pour voyager beaucoup, je sais qu’il y a beaucoup de riches qui sont déjà partis et, d’après ce que je lis dans la presse, ils ne sont pas près de revenir ! Il faut faire très attention, parce que l’on est toujours le riche de quelqu’un ou le pauvre de quelqu’un. Je pense que la solution n’est pas là. Il faut surtout mieux équilibrer la dépense publique et faire des économies : ce sont des notions que nous avons totalement perdues. L’Auvergnat que je suis ne cesse de prêcher pour que l’on fasse des économies. Si le Théâtre des 2 Ânes est aussi prospère, c’est parce que je n’ai cessé de faire de la gestion très précise et, grâce à cela, nous avons pu entretenir et moderniser le théâtre. Mais, sans économies, nous n’aurions pas pu le faire. Je crois que les Français ont du mal à comprendre tout cela et l’on a dépensé n’importe comment pour des infrastructures publiques qui n’ont guère lieu d’être. Un ami suisse m’a récemment dit : « La France est un pays formidable : on y voit à 23 heures des piscines olympiques et des courts de tennis qui sont éclairés dans des villages de 3000 habitants ! »

Vous allez venir jouer à La Baule le samedi 16 février, c’est une ville que vous connaissez bien…

La Baule, c’est une Madeleine de Proust pour moi parce que, quand j’étais petit, je venais passer mes vacances avec mes parents à La Baule, où nous louions une superbe villa dans les pins et c’était fort agréable. C’est là où j’ai appris à nager, j’ai commencé à jouer sur la plage avec mon grand frère et j’ai des jolis souvenirs de ma petite enfance. C’est toujours avec beaucoup d’émotion que je reviens à La Baule.

En outre, votre agent, Alain Dubois, habite à La Baule…

Alain est baulois et c’est un ami précieux. Nous avons tissé des liens, d’abord professionnels, mais aussi amicaux. C’est un garçon extrêmement chaleureux, très solide et très courageux. Il sait affronter les événements avec une force et une désinvolture exemplaires. J’ai pour Alain beaucoup d’amitié et de complicité.

Philippe, responsable des Canetons à La Baule, avec Alain Dubois et Jacques Mailhot.

 

Écrit par Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bernard Bertho : « L’histoire de l’aviation, c’est l’histoire de l’impossible. »

La Baule: François- Xavier Demaison à Atlantia samedi 26 janvier